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Em busca de palma do Brasil
24 juillet 2011

Remontee de l'Amazone

Mardi 19 juillet, le départ.

Il est 7h du soir, la nuit est déjà tombée et j’écris ces premières lignes de la petite cabine dans laquelle je vais passer les trois prochains jours. Le chargement n’est pas encore terminé, il reste des palettes de citrons verts sur les quais et les engins continuent de faire des allers-retours. Le départ était prévu à 18h mais il semblerait que nous ne partions seulement à 21h. Il fait très chaud et j’espère que la climatisation de ma cabine fonctionnera, cela atténuera un peu l’impression d’étouffement qui y règne. Le bateau paraît vieux et assez mal entretenu, il y a des bouts de canalisation rouillée dans le lavabo de ma salle de bains et je pense que les draps n’ont pas été lavés depuis un certain temps. Enfin, je ne suis pas venue ici à la recherche du grand confort et à première vue, ma cabine semble plus confortable que les hamacs qui remplissent les trois ponts. Il y en a des dizaines, pièces de tissus multicolores serrées les unes contre les autres, accrochés dans l’anarchie la plus totale, les premiers arrivés ayant choisi les places les plus éloignées du moteur. Le bateau d’une capacité de 180 personnes paraît plein et pour l’instant je ne vois que peu de touristes étrangers, même si par la suite j’en rencontrerai beaucoup dont une grande proportion de français. Le bateau comprend trois ponts et on trouve au dernier étage un petit bar vendant quelques boissons et des pâtes instantanées, une télé déjà allumée et l’inévitable sono déversant la musique brésilienne qu’on entend partout. Au deuxième étage à l’avant, ma cabine, et au fond, le « restaurant » du bateau où s’alignent des tables en bois. Enfin, en bas, les cargaisons de citrons, de melons, de mangues et d’oignons sont entreposées et le bruyant moteur côtoie la cuisine et les réserves d’eau potable. Le départ se fait du port Marco Spinto, dans un quartier bien peu fréquentable de Belém où j’ai visité une fabrique d’açai la veille. Beaucoup de personnes arrivent en taxi et l’entrée de la zone d’embarquement, fermée d’un lourd portail en bois, est étroitement surveillée.

Jeudi 21 juillet, déjà deux jours de traversée.

Assise sur le pont, sur le sol gris chauffé par le soleil de midi, je contemple le spectacle magnifique qui s’offre à mes yeux et qui défile comme une pellicule de film au rythme de l’avancée du bateau. Nous avançons doucement depuis deux jours maintenant et le temps qui aurait pu paraître long passe en fait très vite. Le paysage ne change guère mais je ne me lasse pas de cette forêt si verte où s’entremêlent tant d’espèces végétales que je ne connais pas. On entend à peine les cris des oiseaux, couverts par le bruit du moteur, mais on devine leurs couleurs, des couleurs chaudes, éclatantes. L’eau d’un marron ocre charrie des branchages et d’étranges étendues de plantes qu’on retrouve sur le rivage. Elles doivent vivre au gré du courant et se disséminer ainsi. De temps à autre, ce sont des petites maisons qu’on aperçoit, des petites cabanes en bois montées sur pilotis, peintes à la hâte en bleu, jaune ou vert et entourées de pontons, dont un d’une vingtaine de mètres de long court vers le fleuve. Partout, des gens, des enfants qui courent à notre vue. Certains nous ayant aperçu de loin sautent sur leur pirogue et rament à notre rencontre, dans l’espoir de recueillir quelques provisions. Mes voisines brésiliennes leur ont jeté quelque chose hier, bien enroulé dans un sac plastique. Ils ne demandant que de la nourriture pour diversifier leur quotidien fait de poisson principalement. Leurs petites habitations ne sont accessibles que par le fleuve, il n’existe pas de route, et je me demande comment ils peuvent vivre là toute l’année, avec si peu de moyens de survie et de communication. On voit des très jeunes enfants ramer, parfois leur mère les accompagne, et eux font d’étranges appels avec leurs mains qui n’est pas un salut comme je l’ai cru au départ mais un appel aux dons des voyageurs. Certains, les plus âgés et munis d’un harpon, réussissent à s’accrocher au bateau. Il leur faut alors très vite s’amarrer et quelques-uns n’y parviennent pas. On les voit alors rester là et s’éloigner, attendant sans doute le prochain bateau. Les plus chanceux grimpent vite à bord en escaladant le bastingage et parcourent le bateau en proposant quelques maigres marchandises, des crevettes dans des petites bassines et de l’açai dans des sacs plastique. Ils restent longtemps sur le bateau, une demi-heure, une heure peut-être, et je me demande combien de temps il leur faudra pour rejoindre leur famille.

Nous avons déjà fait deux arrêts, la première ayant été à Breves, ville que je connais de nom car beaucoup de cas de maladie de Chagas y sont enregistrés. Il n’y a pas de place pour notre bateau mais qu’importe, nous nous amarrons à un autre bateau semblable au notre, de gros pneus de camion servant de bouées amortissant le contact. Et commence le balai des vendeurs de toutes sortes de nourritures qui profitent de ce contact éphémère pour sauter à bord et proposer à tous leurs produits. Il y a des petites timbales d’aluminium remplies de riz, de poulet et de spaghetti, des poches d’açai, du pain, des noix de coco percées d’une paille, des blocs de fromages blancs emballés dans des sacs plastiques, des empanadas frits, des glaces. Ils font le tour du bateau et repartent vite délestés de leurs paquets, les voyageurs profitant de l’occasion pour varier un peu les menus du bateau. A bord, c’est viande, riz, spaghetti, haricots et farofa à chaque repas. Je n’ai pas encore goûté par crainte d’être malade et je me contente des boîtes de conserve et des bananes, les autres fruits que nous ayons emportés, des mangues et des goyaves, ne murissant pas assez vite.

Dans les petites villes, elles aussi dépourvues de route, on voit beaucoup de bateaux, la majorité en bois et de toutes tailles. Certains comme nous remontent ou descendent l’Amazone et on les reconnaît à leurs hamacs, enchevêtrés telle une immense toile d’araignée. Sur la rive, des maisons de bois, peintes pour certaines, des églises bien modestes toutes construites sur le même modèle, des petites stations essence pour les bateaux, une fête foraine aux couleurs défraichies comme sortie d’une autre époque et partout des gens, assis à l’ombre pour la plupart, regardant défiler le ballet des bateaux.

La vie à bord est monotone mais étrangement je ne ressens pas d’ennui. Le fleuve n’est pas agité et le bateau vogue nonchalamment, sans perturbations aucune. Je dors bien, à moitié enroulée dans mon sac de couchage. Malgré la climatisation, il fait chaud et l’atmosphère de la cabine est confinée. Pendant la journée, je passe donc la plupart de mon temps dehors sur le pont, changeant de côté selon l’orientation du soleil. Les passagers voyageant en cabine restent souvent à l’avant, assis dans les rares zones d’ombre, tandis que ceux possédant un hamac y passent beaucoup de temps, surtout aux heures les plus chaudes de la journée. Quand je ne discute pas avec mes voisins, je lis ou je rêvasse, en contemplant le fleuve et la vie bien calme des rives, regardant s’alterner les étendues de forêts et les habitations. Chaque petit événement est une distraction pour le bateau, que ce soit l’heure des arrêts aux ports, le défilement des pirogues ou la montée des enfants sur le bateau. Les passagers circulent beaucoup et au fur et à mesure du temps on commence à connaître tout le monde, des groupes se forment et les discussions se poursuivent jusque tard dans la nuit.

Ce calme et ces paysages m’apaisent et je peux passer de longs moments à contempler le fleuve. Tout cela est si nouveau pour moi et l’émerveillement du début ne faiblit pas. Je n’avais pas pensé ressentir un bien-être aussi profond pendant ces trois jours, bien-être qui me poursuivra même après l’arrivée du bateau à Santarém. C’est alors un retour à la réalité, à l’agitation du port et de la ville. Le débarquement des passagers est rapide mais le bateau restera accosté des heures durant, pour décharger les marchandises. Il repartira en début de soirée jusqu’à l’ultime étape, la ville de Manaus, au cœur de la forêt amazonienne.

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Les hamacs sur le bateau et le premier repas, le meilleur des trois jours !

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Les alignements de pirogues sur le fleuve et l'interminable foret

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La ville de Breves, une embarcation sur le fleuve, typique de la region, et des enfants en pirogue

Ecrivant d'un cafe internet qui a une connexion tres moyenne, l'envoi de photos s'avere assez complique ! Mais j'en remettrai d'autres demain. Ate mais !

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Commentaires
Y
Bom dia<br /> Tu nous fais partager ces moments magnifiques, <br /> ça sent la terra originale, comme la forêt, merci, j'ai aussi rencontré des Brésiliens aux açores, il va falloir se mettre au portuguais,TUTTO BEN!!!!
M
pourquoi tu ne fais pas journaliste ?
M
coucou ! c'est super beau .. je viens de lire que maintenant cet article , je sais que tu es bien arrivé dans la maison, maman m'a expliqué. je t'écris un mail ce soir, j'ai beaucoup de chose a te raconter ! envoie moi un mail aussi , gros bisous
Em busca de palma do Brasil
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